Après « Le ministre est enceinte », notre « confrère décédée ». Belle acrobatie grammaticale ! C’est ainsi que l’Académie française a annoncé le décès de Mme Helène Carrère d’Encausse, disparue récemment. Mais pourquoi « confrère » plutôt que « consœur » ? Rapide explication de texte 🧵
Le mot « consœur » est apparu au 14e siècle. Mais il n’est rentré que récemment, dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie. Pourquoi tant de temps ?
Une consœur et un confrère sont membres d’une confrérie. Mais figurez-vous que le mot « consœurie » existe également.
On trouve aussi une remarque dans le TLFi : « Ainsi un homme, membre d’une confrérie comprenant des hommes et des femmes, dirait : mon (ou ma) confrère, Mme X… (Grev. 1964, § 246). » Voilà qu’apparait « ma confrère ». On peut donc se demander si « leur confrère » est masc ou fém.
Mais finalement, est-ce que l’Académie utilise le mot « consœur » ? La réponse est oui ! Notamment Erik Orsenna qui emploie à plusieurs reprises l’expression « bien trop rares consœurs » à propos des membres de l’Académie.
On aurait pu penser que la question de la féminisation des noms était derrière nous. Mais force est de constater que l’Académie française préfère recourir à une acrobatie grammaticale plutôt qu’utiliser la forme qu’elle a elle-même admise dans son Dictionnaire.